la légende des korrigans

Créatures légendaires des mers et de la pointe bretonne

Notre fascinante pointe bretonne, avec ses multiples îles isolées et ses côtes sauvages et abruptes, est un terreau fertile pour les créatures légendaires et les récits fantastiques. Cette région, riche en superstitions et en mythes, est une source inépuisable d’inspiration pour les conteurs. 

Depuis des siècles, les marins courageux et les habitants intrépides de cette région racontent avec effroi et admiration des histoires peuplées de créatures mystérieuses et d’êtres surnaturels qui habitent les eaux sombres et tumultueuses de cette région. Des sirènes séduisantes aux monstres marins terrifiants, ces récits ont façonné la culture et l’identité de la pointe bretonne. 

Dans cet article, nous allons embarquer ensemble pour un voyage excitant et un peu intriguant à la découverte des créatures légendaires qui peuplent la Bretagne et les îles de la mer d’Iroise. 

Et vous, avez-vous déjà eu l’impression qu’un korrigan vous observait ?

1. Les Marie Morganes, sirènes d’Ouessant

Les Marie Morganes, également connues sous le nom de Morgans, sont des fées d’eau qui ressemblent à des femmes et partagent la symbolique des sirènes. 

En breton, “Mor” signifie « mer » et “ganet” signifie « né ». Par conséquent, les Marie-Morganes sont littéralement considérées comme des êtres saints qui sont nés de la mer

Ces êtres mystiques font partie intégrante du riche patrimoine légendaire de la Bretagne. Ce sont de belles créatures qui habitent l’île d’Ouessant, leur beauté est telle qu’elle aurait émerveillé tous ceux qui ont eu le privilège de les observer.

1873 - (légende) La Marie Morgane
Crédit photo : Julien Danielo

Ce peuple dit aquatique est censé habiter un somptueux palais situé au fond de la mer. Selon la légende, ce palais serait un lieu de culte, avec un prêtre, un évêque, une église, et donc une religion similaire au christianisme breton

Parmi leur peuple, l’une des figures les plus notables est Dahut, la fille damnée du roi Gradlon, elle fut transformée en sirène pour avoir condamné la ville d’Ys.

Depuis lors, elle ensorcelle les marins et les entraîne au fond de la mer, déchaîne les tempêtes, mais a aussi le pouvoir d’apaiser le vent. Sa légende continue de hanter les eaux bretonnes, ajoutant une couche de mystère et d’excitation à la riche mythologie du bout du monde.

2. Les Gallisenae de l’île de Sein 

Les îles de la mer d’Iroise enflamment l’imaginaire depuis l’époque romaine, voire bien avant. Et l’île de Sein recèle aussi son lot de créatures légendaires comme l’atteste ce texte de 43 ap écrit par le géographe Pomponius Mela : 

« L’île de Sena, située dans la mer Britannique, en face des Osismes, est renommée par un oracle gaulois, dont les prêtresses, vouées à la virginité perpétuelle, sont au nombre de neuf. Elles sont appelées Gallizènes, et on leur attribue le pouvoir singulier de déchaîner les vents et de soulever les mers. Elles se métamorphosent en animaux comme bon leur semble. Guérisseuses des maux partout ailleurs regardés comme incurables, elles connaissent et prédisent l’avenir. Elles n’accordent néanmoins cette faveur qu’à ceux qui viennent tout exprès dans leur île pour les consulter. »

56 av JC - L’oracle des Gallisenae
Crédit photo : Julien Danielo

Des visiteurs se rendaient spécifiquement sur cette île pour bénéficier de leurs faveurs. Retrouvez d’autres éléments de la riche histoire de Sein.

3. Et de Molène jaillit l’eau

Selon la légende, l’île de Molène manquait d’eau quand Saint Ronan y débarqua en l’an 520.

 Il a alors pris un bâton, l’a enfoncé dans le sol, et de l’eau a jailli. Un puits a été construit à cet endroit. Jusqu’en 1897, avec l’installation de la citerne des Anglais, les deux puits de l’île étaient les seules sources d’eau « potable », sauf quand ils tarissaient.

Molène
Crédit photo : DavidVincent29

En 1938, le puits Saint Ronan, qui communiquait avec le port et donc souvent avec l’eau salée, était réservé pour l’eau des animaux et la lessive. Par la suite, les citernes particulières se sont multipliées et peu de maisons n’en possédaient pas. Heureusement, en 1989, on a découvert une source d’eau potable dans le nord de l’île.

4. Les korrigans

Comment parler de créatures légendaires bretonnes sans évoquer ces petits êtres malicieux et farceurs que sont les korrigans ?

À la tombée de la nuit, ils sortent de leurs cachettes dans les grottes ou les dolmens de Bretagne pour danser et effrayer les visiteurs. Le korrigan, dont le nom dérive du breton « korr » signifiant « nain ». C’est un être chétif, similaire aux lutins, et fait partie intégrante du folklore celtique.

Facilement reconnaissables avec leur chapeau pointu, leur nez imposant, leurs grandes oreilles et leur chevelure impressionnante, les korrigans se distinguent surtout par leur nature farceuse

Très populaires en Bretagne, ils inspirent de nombreux livres, contes et bandes dessinées et sont représentés dans de nombreux magasins, cafés et lieux publics. Aujourd’hui, habitants et visiteurs partent souvent à leur recherche, parcourant la région sur les traces de ces créatures mythiques.

la légende des korrigans

Dans les contes, les « korriganed » (pluriel de korrigan en breton) se cachent dans le creu des arbres magiques, près des menhirs ou dans les landes. Ils affectionnent aussi les sources et les fontaines.

Sur l’île d’Ouessant, ils sont également connus sous le nom de Tréo-Fall ou danserien-noz (danseurs de nuit en breton). Les Tréo-Fall se regroupent au sommet des falaises pour danser à la lumière de la lune, promettant des trésors à ceux qui croisent leur chemin.

Comment faire pour les repérer ?

Il faut avant tout rester silencieux, et bien observer les alentours : en effet, on leur attribue les fameux « ronds de sorcière » que l’on retrouve dans les prés ou en sous-bois.

ronds de sorcières dans un sous bois

Saurez-vous en débusquer un et résoudre son énigme sans tomber dans son piège ? Surtout ne les quittez pas des yeux une fois que vous avez trouvé ces petites créatures légendaires !

4. L’Ankou

Maître de l’au-delà, l’Ankou est une figure omnipotente. On le dépeint souvent comme un squelette drapé d’un linceul sombre et terrifiant, tenant une faux emmanchée à l’envers. Des représentations anciennes le montrent armé d’une flèche ou d’une lance.

La mort personnifiée en Bretagne

L’Ankou parcourt les nuits bretonnes, debout sur un chariot dont les essieux grincent. Ce sinistre convoi, appelé « karrig an Ankou » (char de l’Ankou) ou « Karriguel an Ankou » (brouette de l’Ankou), est remplacé par le « Bag nez » (bateau de nuit) dans les régions côtières. Entendre le grincement des roues du « Karrig an Ankou » ou croiser son attelage est un mauvais présage.

Selon les récits bretons, les signes annonciateurs de la présence de l’Ankou incluent l’odeur de bougie, le chant du coq la nuit et les bruits de clochettes. L’implacable Ankou nous rappelle inlassablement notre fin inévitable. 

Certaines églises portent les gravures de ces avertissements : « Souviens-toi, homme, que tu es poussière » (La Roche-Maurice), ou encore, inscrit en breton. « La mort, le jugement, l’enfer froid : quand l’homme y pense, il doit trembler » (La Martyre).

Le mythe de l’Ankou rappelle les « lavandières de la nuit » du folklore médiéval et ancien des régions de langue gaélique (Écosse, Irlande).

La légende ne s’arrête pas là… 

Nous aurions pu vous conter l’histoire des dragons de l’île de Groix, du mythe du géant Kraken, et d’autres monstres marins… Autant de mystères et d’enchantements liés à cette région. Pourquoi ne pas partir à l’aventure à bord d’un navire de la Penn Ar Bed et explorer ces îles pour découvrir par vous-même si ces créatures légendaires existent toujours ? Ou, qui sait, en 2024, auront-elles évolué en quelque chose d’encore plus extraordinaire ?

Vous n’avez pas eu votre dose de magie ? Rendez-vous sur notre article dédié aux contes et légendes du Finistère dans ce cas.

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